Annabelle Fontaine
Met Ă votre disposition : formation, supervision, conseil, analyse des pratiques professionnelles, outils dâĂ©valuation et dâapprentissage sur mesure. Lâobjectif vise Ă faciliter, amĂ©liorer la vie des personnes hypersensibles, haut potentiel, troubles NeurodĂ©veloppementaux dont lâautisme. Pour toutes informations complĂ©mentaires, Veuillez la contacter...
Ătre une femme aidante, câest ĂȘtre une bĂątisseuse. Chaque jour, on construit, on rĂ©pare, on soutient. Mais parfois, mĂȘme les piliers les plus solides ont besoin quâon les renforce. Ce nâest pas un signe de faiblesse, câest une nĂ©cessitĂ©. Un pont ne sâĂ©croule pas parce quâil est mal construit, mais parce quâon oublie de lâentretenir.
Emma Ă bientĂŽt trois ans. Dans mon esprit et mon cĆur, la rentrĂ©e se prĂ©pare. L'inscription s'est faite en juin, le discours de la directrice correspondait au droit d'ĂȘtre accueillie pour elle. La loi du 11 fĂ©vrier 2005 a dix ans, "les choses ont certainement Ă©voluĂ©", me dis-je. Je peux croire Ă une rentrĂ©e en paix, ĂȘtre juste une maman, le cĆur rempli de joie en voyant cette nouvelle histoire sâĂ©crire pour elle : l'entrĂ©e dans les apprentissages, le contact avec d'autres enfants, des rencontres avec d'autres mamans pour moi.
Octobre arrive. Le tĂ©lĂ©phone sonne. Câest la maĂźtresse :
"Voyez-vous, Madame, on ne va pas pouvoir garder Emma. Elle bouge beaucoup, ne reste pas couchée à la sieste et n'est pas complÚtement propre. Ne l'amenez plus à l'école."
Le monde sâeffondre.
Je tente dâargumenter, mais on ne mâĂ©coute pas. On ne mâentend pas. Ce nâest pas une discussion, câest une sentence. Un rejet.
Ă cet instant, câest le chaos. Que faire ? Vivre ou mourir. Pas au sens physique, mais dans celui de perdre tous ses repĂšres :
Sur le papier, nous sommes dans le pays de lâĂ©galitĂ©, la libertĂ© et la fraternitĂ©. Pourtant, le systĂšme pousse, ne serait-ce que financiĂšrement, vers les Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©s. Est-ce une maniĂšre de se dĂ©douaner ?
OĂč est la cohĂ©rence quand on prĂŽne lâinclusion tout en rendant le maintien en milieu ordinaire inaccessible ?
Au pied du mur. VoilĂ oĂč lâon se retrouve. ĂtranglĂ©es par des institutions qui ne comprennent pas, qui nous comparent, et parfois nous mĂ©prisent. "Vous avez une aide, pourquoi vous plaindre ? Vous ĂȘtes chanceux." Personne ne regarde comment ces aides sont octroyĂ©es, ce quâelles signifient vraiment. Chaque systĂšme censĂ© garantir lâinclusion (Ă©cole, MDPH, autres) Ă©choue partiellement Ă son niveau, envoyant les familles dans des directions contradictoires.
Ce jour-lĂ , jâai compris que le combat nâĂ©tait pas fini. Mais jâai aussi compris que je ne serais pas seule Ă le mener.
Dâabord, une croyance profonde mâa aidĂ©e : "Ce qui t'est mis sur ton chemin, tu peux le surmonter. Regarde comment tu peux l'apprĂ©hender. Quâas-tu dĂ©jĂ connu dans lâadversitĂ© ? Comment tâen es-tu sortie la derniĂšre fois ? Comment faire pour tâĂ©conomiser ? Annabelle, rappelle-toi, il vaut mieux savoir marcher que courir."
Ma capacitĂ© Ă croire au meilleur, Ă dĂ©jouer lâadversitĂ©, je la tiens de mon passĂ©, de mon enfance difficile. Jâanalyse, je me rapproche de mes ressources. Je regarde mes enfants chaque jour : leur sourire, leur joie nâont pas dâĂ©gal au monde. Je trouve en lâamour toutes les forces nĂ©cessaires. Mais le problĂšme, câest la charge mentale quâil reprĂ©sente et le peu de temps quâil laisse Ă la femme pour exister.
On tue la femme au profit de la mĂšre, comme on peut effacer lâhomme derriĂšre le pĂšre. Parce que quand on dĂ©fend ses enfants, la sociĂ©tĂ© oublie trop souvent de voir lâindividu qui existe derriĂšre.
Et le pire, câest que souvent, lorsque jâai osĂ© exprimer cela, jâai reçu du mĂ©pris. "Rien ne vous oblige Ă agir ainsi, envoyez-le en institution." VoilĂ ce quâon rĂ©pond. VoilĂ le mal. On ne nous laisse pas le droit de dĂ©sirer autre chose. On ne nous laisse pas le droit de vouloir lâinclusion. Si nous ne choisissons pas lâinstitution, alors nous nâavons plus le droit de parler, plus le droit de dire que câest difficile.
Si jâĂ©cris aujourdâhui en tant que femme, câest parce que câest ma rĂ©alitĂ©, mais je sais que ce combat nâa pas de genre. Des pĂšres aussi portent seuls ce poids. Des hommes aussi sont laissĂ©s face Ă lâadversitĂ©, sans reconnaissance ni soutien. Ce texte est une voix parmi dâautres, pour toutes celles et ceux qui refusent quâĂȘtre aidant rime avec effacement.
Nous ne sommes pas seules. Chaque jour, des milliers de femmes portent ce combat dans lâombre. Il est temps dâallumer la lumiĂšre, de faire entendre nos voix et de rĂ©clamer ce qui nous appartient : le droit dâexister, le droit de choisir.
Ă celles qui se sentent seules, sachez que vous ne lâĂȘtes plus. Vous avez identifiĂ© votre solitude, et il ne vous reste quâĂ trouver les bonnes personnes. Les bonnes personnes, ce sont celles qui vous Ă©lĂšvent, qui vous poussent vers le haut, et non celles qui enferment dans la plainte.
Se rencontrer entre femmes, entre aidantes, câest essentiel. Mais cela ne doit pas ĂȘtre un mouroir. Nous avons le droit dâexprimer nos tristesses, nos colĂšres, nos peurs, et ces Ă©motions doivent ĂȘtre entendues. Mais elles ne doivent pas nous enfermer dans lâimmobilisme.
Nous sommes des bĂątisseuses. Nous bĂątissons pour nous-mĂȘmes, femmes avant tout. Nous bĂątissons pour un avenir meilleur pour nos enfants, mĂšres pour le meilleur.
Brisons le silence qui nous lie. Ne gardons pas nos dĂ©sespoirs non entendus pour nous, car câest lĂ que se cachent les marges du progrĂšs de demain. Ne pleurons plus. Marchons. Marchons ensemble. Marchons en pleurant parfois si câest nĂ©cessaire, car les larmes sont les armes qui tombent.
Il y a Soluschool, que jâai crĂ©Ă© pour ne plus ĂȘtre seule. Un lieu, des espaces oĂč plus jamais nous nâaurons Ă sacrifier des parts de nous-mĂȘmes et de nos dĂ©sirs. Nous construisons ensemble, pas Ă pas, aujourdâhui et demain.
Et parce quâil faut des lieux oĂč nos voix rĂ©sonnent librement, jâai imaginĂ© "Terre Humaines, Chemins dâAvenir". Un espace ouvert, oĂč les hommes engagĂ©s et solidaires sont Ă©galement les bienvenus, car avancer ensemble est la clĂ© du changement. Un espace de parole oĂč nous pouvons nous retrouver, nous exprimer sans crainte et bĂątir, ensemble, un avenir oĂč la femme et la mĂšre coexistent sans se nier lâune lâautre.
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